Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Treizième dimanche après la Pentecôte

Treizième dimanche
après la Pentecôte

Évangile selon saint Luc (17, 11-19)
 

En ce temps-là, comme il faisait route vers Jérusalem, Jésus passa aux confins de la Samarie et de la Galilée. à son entrée dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. S’arrêtant à distance, ils élevèrent la voix : « Jésus, Maître, dirent-ils, aie pitié de nous ! » à cette vue, il leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » Pendant qu’ils y allaient, ils furent guéris. L’un d’entre eux, se voyant guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix, et il se jeta aux pieds de Jésus, le visage contre terre, en le remerciant. Or, c’était un Samaritain. Prenant la parole, Jésus lui dit : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été guéris ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est donc trouvé pour revenir rendre gloire à Dieu que cet étranger ! » Puis il lui dit : « Relève-toi, va ; ta foi t’a sauvé. »

 

De nos jours, on voit beaucoup de gens qui prient, mais hélas, on n’en voit pas qui reviennent sur leurs pas et rendent grâce à Dieu. « N’ont-ils pas été guéris tous les dix ? Où sont donc les neuf autres ? » Vous vous rappelez, je pense, que c’est en ces termes que le Sauveur se plaignait de l’ingratitude des neuf autres lépreux. Nous lisons qu’ils savaient bien « prier, supplier et demander », car ils ont élevé la voix pour s’écrier : « Jésus, fils de David, ayez pitié de nous ». Mais il leur a manqué une quatrième chose que réclame l’apôtre Paul : « l’action de grâce » (1Tm 2, 1), car ils ne sont pas revenus sur leurs pas et n’ont pas rendu grâce à Dieu.

Nous voyons bien encore de nos jours un certain nombre de personnes qui demandent à Dieu avec instance ce qui leur manque, mais on n’en voit qu’un petit nombre qui semblent reconnaissants des bienfaits qu’ils ont reçus. Il n’y a pas de mal à demander avec instance, mais ce qui fait que Dieu ne nous exauce pas, c’est qu’il trouve que nous manquons de gratitude. Après tout, peut-être est-ce encore un acte de clémence de sa part de refuser aux ingrats ce qu’ils demandent, pour qu’ils ne soient pas jugés d’autant plus rigoureusement à cause de leur ingratitude. C’est donc par miséricorde que Dieu retient parfois sa miséricorde.

Vous voyez donc que tous ceux qui se trouvent guéris de la lèpre du monde, je veux dire des désordres évidents, ne profitent pas de leur guérison. Plusieurs, en effet, sont atteints secrètement d’un ulcère pire que la lèpre, d’autant plus dangereux qu’il est plus intérieur. C’est pourquoi c’est avec raison que le Sauveur du monde demande où sont les neuf autres lépreux, car les pécheurs s’éloignent du salut. C’est ainsi qu’après son péché, Dieu a demandé au premier homme : « Où es-tu ? » (Gn 3,9)

Saint Bernard

 

On peut, à propos des dix lépreux que le Seigneur guérit en leur disant : « Allez vous montrer aux prêtres », se poser un grand nombre de questions qui présentent un intérêt véritable. Je ne parle pas seulement de la signification attachée au nombre dix, et de cette circonstance particulière qu’il n’y en eut qu’un seul pour rendre grâces : car ce sont là des questions libres, et qui même n’étant pas approfondies, ne retardent que peu ou point l’attention des lecteurs ; mais ce qu’il est le plus important de savoir, c’est le motif pour lequel il les envoya aux prêtres, pour qu’ils fussent guéris en y allant. On ne voit pas en effet, parmi tous ceux qui lui durent la guérison corporelle, qu’il en ait envoyé aux prêtres d’autres que des lépreux. Déjà, c’était à un lépreux, guéri par sa bonté, qu’il avait dit : « Va te montrer au prêtre, et offre pour toi le sacrifice ordonné par Moïse, afin que cela leur serve de témoignage ». Ensuite quelle guérison spirituelle peut-on supposer dans ceux à qui il fait un reproche de leur ingratitude ? Car il est facile de voir qu’un homme peut n’être pas affligé de la lèpre corporelle, sans avoir pour cela un bon cœur ; mais quand on veut approfondir la signification de ce miracle, on se demande avec émotion comment peut-on dire d’un ingrat qu’il est guéri.

Voyons donc de quoi la lèpre elle-même est la figure. L’Évangile ne dit pas de ceux qui en ont été délivrés qu’ils sont guéris, mais purifiés. La lèpre est en effet un défaut de couleur, et non la privation de la santé ou de l’intégrité des nerfs et des membres. Il est donc permis de voir dans les lépreux le symbole de ces hommes qui, n’ayant pas la science de la vraie foi, professent ouvertement les divers enseignements contradictoires de l’erreur. Car ils ne voilent pas même leur inhabileté, mais ils font tous leurs efforts pour produire l’erreur au grand jour et mettent à son service toute la pompe de leurs discours. Or, il n’est pas de fausse doctrine qui ne renferme quelque mélange de vérité. Les vérités qui apparaissent dans la discussion ou la conversation d’un homme, mélangées sans aucun ordre avec l’erreur, comme des taches sur un corps, représentent donc la lèpre, qui couvre et macule le corps de l’homme de couleurs vraies et de couleurs fausses. Or, il faut que l’Église évite de tels hommes, afin, s’il est possible, qu’ils élèvent du plus loin qu’ils sont un grand cri vers le Christ, comme les dix lépreux, qui s’arrêtèrent loin de lui, et élevèrent la voix, disant : « Jésus, notre précepteur, ayez pitié de nous ». Ce nom qu’ils donnent au Sauveur, et qu’aucun malade, que je sache, n’a employé pour lui demander la guérison du corps, me donne assez lieu de croire que la lèpre est la figure de la fausse doctrine, que le bon Maître guérit.

Saint Augustin

Tag(s) : #Commentaire

Partager cet article

Repost0