samedi 9 mars 2024

Et Jésus, enseignant dans le temple, s'écria, disant : « Vous aussi, vous me connaissez, et vous savez d'où je viens. Mais je ne suis pas venu tout seul ; mais celui qui m'a envoyé est vrai, et vous ne le connaissez pas. Je le connais, parce que je suis de lui et qu'il m'a envoyé.   (Jn 7, 28-29).

Nous avons déjà parcouru plus de la moitié du chemin de conversion du Carême. Nous avons appris à suivre le chemin silencieux. "Si un homme ne considère pas dans son cœur que seuls lui et Dieu existent dans ce monde, il ne trouvera pas la paix", a déclaré Abba Alonios. Nous avons arrosé le lieu de la solitude et de la mort avec la prière du désir ; nous avons aspergé le désert des larmes de repentance d'Adam : « Ouvre la porte de la repentance, donne-moi des larmes pour laver l'impureté de mon cœur, ô Christ. Les crevasses de l'âme étaient remplies du souffle de l'éternité ! En chemin, malgré les pressions et les résignations, nous nous sommes nourris de la Bonne Nouvelle et avons regardé vers Jésus pour l'imiter avec une pleine détermination dans nos décisions. Intrigués et excités par l'intensité de la foi, nous avons creusé des puits pour voir le visage imperturbable de Dieu à la surface de l'eau. Nous avons levé nos têtes et nos bouches dans la poussière (Lm   3, 29) ; afin que, remplis d'espérance, nous puissions voir à l'horizon de notre inexplicable l'approche de la prochaine Pâque. "Connais-toi toi-même" - cette maxime a été gravée sur le temple de l'oracle de Delphes. Dans le désert, nous avons découvert nos visages devant Dieu et nous sommes vus dans la vérité de sa Parole créatrice. « Dieu est vu par ceux qui peuvent le voir, c'est-à-dire par ceux qui ont les yeux de leur âme ouverts » (Saint Théophile d'Antioche). L'Évangile de la Croix et l'amour libre brisent les profondeurs du cœur humain ; il brise les liens de l'esclavage et rend lumineux ce qui sature encore les ténèbres. La franchise de faire l’expérience de Dieu dans un acte d’amour libre. L'Église est une prostituée qui est lavée par l'Agneau avec l'amour de la Croix - le message des Pères anciens résonne avec tout le réalisme expiatoire. Dans cette pédagogie de l’amour, l’homme impie a une chance d’être saint ! "Par la puissance de l'amour divin, le Christ restitue au monde et à l'humanité la liberté perdue dans le péché - écrit M. Berdiaev - restaure le plan idéal de la création, adopte l'homme en Dieu, confirme le principe de l' humanité divine..." Le Christ, envoyé par le Père, proclame la beauté du monde nouveau - la beauté de l'homme sauvé - revêtu des vêtements du baptême. « La conscience humaine de Jésus est pleinement remplie par sa mission : il a reçu du Père le commandement de révéler à l'homme l'essence de Dieu et son attitude envers l'homme » (HU Balthasar). La lumière de l'Évangile illumine le message de l'Ancien Testament, montre Dieu comme Communauté dans un mouvement d'amour vers l'homme perdu. Le Père réalise ses intentions à travers le Fils et l'Esprit, qui féconde l'Église et la libère de la stagnation, de l'ossification et de l'impuissance. "Est-ce que quelque chose de plus beau peut nous arriver, quelque chose de plus grand peut-il nous arriver ?", demande St. Augustin – comment devenir amis de Dieu ? Cette dignité transcende les limites de la nature humaine. Toutes choses servent le Créateur. Pendant ce temps, le Seigneur élève à une gloire surnaturelle ses serviteurs qui observent ses commandements : il ne les appelle plus serviteurs, mais amis. Il les traite tous comme des amis.  La transformation en Christ fait de nous des enfants du Père, et cela s’accomplit par le souffle de l’Esprit au sein de notre être dévasté par le péché.  

Auteur : Père Rafał Szwedowicz