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TOUSSAINT

TOUSSAINT 

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 1er novembre 2020)

Pour se convertir, il suffit d’un simple mouvement des yeux. Bienheureux Carlo Acutis

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

L’introït de cette Messe nous invite puissamment à la joie. Nous nous réjouissons pour le grand don de la sainteté à laquelle le Seigneur appelle chaque être humain, à laquelle il nous appelle personnellement. Cet appel s’est réalisé dans la vie de nombreux saints : ceux que l’Église a canonisés mais aussi tous ceux qui, s’ils ne sont pas inscrits au calendrier liturgique de l’Église, n’en sont pas moins membres de cette « foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : “Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau !” » (Apoc 7, 9-10) L Cette joie immense, l’introït le précise, est d’abord celle des Anges, qui mieux que quiconque mesurent ce qu’est le don immense de la sainteté fait par Dieu à l’homme. Le texte de l’Apocalypse poursuit : Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu. Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » (ib, v.11- 12) Poursuivons un peu le texte. Un ancien demande alors au Voyant : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » (v. 13) Celui-ci confesse son ignorance : « Mon seigneur, toi, tu le sais », et l’Ancien de répondre : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » (v. 14) La fête de la Toussaint, qui nous fait réentendre l’appel universel à la sainteté, nous rappelle aussi l’unique moyen d’y parvenir : plonger sa vie dans le sang de l’Agneau. Si nous prenons au sérieux l’appel du Seigneur se pose la question du « comment ». L’évangile y répond. Après avoir contemplé dans l’épître la foule des sauvés, il présente les disciples autour de Jésus et la foule de ceux qui le suivent et qui écoutent son enseignement. L’évangile des béatitudes est le mode d’emploi pour un chemin de sainteté. Aimons à méditer ce texte. Il pacifie la vie. Cette vie de la terre, en effet, nous prépare à celle de l’éternité. Si nous regardons le Seigneur, si nous l’écoutons et si nous l’aimons sur la terre, alors nous goûterons la vision de Dieu dans l’éternité. La phrase placée en exergue de cette méditation ne vient pas de l’Écriture, mais d’un serviteur de Dieu béatifié le 10 octobre dernier. Carlo Acutis est mort à l’âge de 15 ans, en quatre jours, d’une leucémie foudroyante. Cette phrase arrive comme la conclusion d’une double remarque : « Le bonheur, c’est d’avoir le regard tourné vers Dieu. La tristesse, c’est d’avoir le regard tourné vers soi-même. Pour se convertir, il suffit d’un simple mouvement des yeux. » Carlo offre comme une jauge pour notre propre sainteté : combien de temps je me plains, je me compare, je me juge… combien de temps, je tourne le regard vers Dieu. La sainteté n’est pas une option, un propos fugace. La sainteté, c’est plonger sa vie, toute sa vie, dans le sang de l’Agneau. Nous sommes saints par lui, avec lui et en lui. Carlo disait aux derniers instants de sa courte vie : « Je suis content de mourir, car j’ai vécu ma vie sans négliger une seule minute en choses qui ne plaisent pas à Dieu ». « Notre objectif, ajoutait-il, doit être l’infini, non pas le fini. L’Infini est notre Patrie. Depuis toujours nous sommes attendus au Ciel. » Aussi, il concluait : « J’offre toutes les souffrances que je dois subir au Seigneur, pour le pape et pour l’Église, pour ne pas faire de purgatoire et aller directement au paradis. » Au centre de la vie de Carlo, il y avait le mystère de l’Eucharistie, « l’autoroute qui mène au ciel. » « Si l’on s’approche tous les jours de l’eucharistie, on va tout droit au paradis », disait-il. « Pourquoi tant de gens font des queues interminables pour un concert ou un match, et ne trouvent jamais le temps pour rester même une minute devant le tabernacle où nous attend Jésus ? » Dans l’exhortation apostolique post-synodale Christus vivit, adressée aux jeunes et à tout le peuple de Dieu, le Saint-Père évoque les figures de nombreux saints, tous différents. Suivre le Christ, c’est accueillir l’inspiration inépuisable de l’Esprit qui accomplit une œuvre originale et unique en chaque être humain qui demeure à son écoute. Il n’en va pas de même pour celui qui tend péniblement à imiter la dernière idole à la mode : Beaucoup de jeunes, écrit le Pape, même s’ils semblent différents, finissent en réalité par se ressembler, en courant derrière ce que les puissants leur imposent à travers les mécanismes de consommation et d’abrutissement. C’est ainsi qu’ils ne laissent pas jaillir les dons que le Seigneur leur a faits ; ils n’offrent pas à ce monde ces talents si personnels et si uniques que le Seigneur a semés en chacun. Ainsi, disait Carlo, il arrive que “tous les hommes naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies”. (n°106) … Si tu copies, tu priveras cette terre, et aussi le ciel, de ce que personne d’autre que toi ne pourra offrir. (n° 162) Comme il serait triste de vivre dans un monde de photocopies ! Alors qu’un nouveau confinement touche notre pays, que beaucoup vont être privés de l’Eucharistie, alors que la menace d’attentats pèse sur nous, souvenons des paroles que le SaintPère ajoutait : Beaucoup de jeunes ont le souci de leur corps, se préoccupent du développement de la force physique ou de l’apparence. D’autres s’inquiètent de développer leurs capacités et leurs connaissances... Certains visent plus haut... et cherchent un développement spirituel… Il faut garder la connexion avec Jésus, être en ligne avec lui, puisque tu ne grandiras pas en bonheur et en sainteté par tes seules forces ni par ton esprit… Cela signifie ne pas couper le dialogue, l’écouter, lui raconter tes affaires et, quand tu ne sais pas clairement ce que tu dois faire, lui demander : Jésus, qu’est-ce que tu ferais à ma place ? (n°158) Confions, pour achever, nos vies à Marie, « l’unique femme de ma vie », comme l’appelait Carlo Acutis. Aujourd’hui, où nous nous souvenons du jour béni de la promulgation du dogme de l’Assomption, le 1er novembre 1950, demandons à notre Maman du Ciel la grâce de ne jamais refuser la main qu’elle nous tend pour un chemin de sainteté : Regina sanctorum omnium, ora pro nobis, Reine de tous les saints, priez pour nous. Amen.

Tag(s) : #homélies de Fontgombault

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