Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Évangile selon saint Matthieu chapitre 13, versets 13-23 

 

 

 

 Parabole et interprétation du semeur

Évangile selon saint Matthieu chapitre 13, versets 13-23 


13 Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.
14 Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.
15 Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.
16 Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent !
17 Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.
18 Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur.
19 Quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : celui-là, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin.
20 Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ;
21 mais il n’a pas de racines en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt.
22 Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.
23 Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

 

Pour une éducation des oreilles !

Une certaine idolâtrie du langage voudrait nous faire croire que « le mot est la chose », que la parole vraie doit, nécessairement, correspondre à ce qu’elle énonce. Sans écart. Et que cette parole, qui se transmettrait comme un trésor, serait en possession de celui qui la donne. 
Il faudrait ainsi être saint pour parler de sainteté, il faudrait être libre pour parler de liberté, il faudrait être pur pour parler de pureté… En fait, non ! Les mots, le langage, la parole même sont toujours au service de réalités qui les dépassent largement. Nous pouvons parler d’une liberté que nous ne possédons pas, mais que nous espérons, d’un amour, d’un pardon, d’une sainteté, d’une pureté que nous ne possédons pas, mais que nous désirons. Le fait d’être pécheur ne nous empêche pas de savoir parler du salut aux autres. 
La vérité est toujours au-delà de soi et c’est pourquoi elle déborde largement la parole. Dans la parole, nous offrons ce que nous n’avons pas.
L’écart de la Parole, c’est exactement ce que Jésus met en scène dans ses paraboles. Sa Parole n’est pas un en-soi : ni à lire au pied de la lettre ni à absolutiser. 
Ainsi, même la Parole de Dieu s’incarne dans une formulation fragile et qu’on peut facilement contredire. Elle finira d’ailleurs clouée sur le bois. Jésus nous rappelle ainsi que la Parole n’est toujours qu’un outil fragile qui oriente notre regard vers un réel qui la déborde infiniment. 
Il nous faut donc être attentifs, vigilants, il faut interpréter, traduire, reformuler la Parole pour découvrir et comprendre sa vérité profonde. On ne peut pas se contenter d’une lecture littérale, au premier degré. Et ce qui est valable pour la Parole de Dieu, l’est aussi pour toutes les autres paroles, en particulier celles qui se présentent à nous comme absolues et définitives. 
Avec ses paraboles, Jésus nous invite donc à une écoute active, car ce qui l’intéresse ce n’est pas, comme tant de gourous, de guider des sourds, mais de leur ouvrir les oreilles.

 

 

Tag(s) : #Commentaire

Partager cet article

Repost0