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Évangile selon saint Matthieu chapitre 1, versets 12-17

De l’exil au Christ

Évangile selon saint Matthieu chapitre 1, versets 12-17 
12 Après l’exil à Babylone, Jékonias engendra Salathiel, Salathiel engendra Zorobabel,
13 Zorobabel engendra Abioud, Abioud engendra Éliakim, Éliakim engendra Azor,
14 Azor engendra Sadok, Sadok engendra Akim, Akim engendra Élioud,
15 Élioud engendra Éléazar, Éléazar engendra Mattane, Mattane engendra Jacob,
16 Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ. 
17 Le nombre total des générations est donc : depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations ; depuis David jusqu’à l’exil à Babylone, quatorze générations ; depuis l’exil à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.

De pères en Père
Les générations se suivent quatorze par quatorze et tout cela ressemble à un bel agencement. On se reçoit de père en fils, on hérite de la longue tradition des ancêtres, on appartient à la même famille. Et malgré les accidents, car il y a, ici, beaucoup de traîtres, d’idolâtres, de mauvais rois et de mauvais stratèges qui ont précipité la chute d’Israël, bon an mal an, donc on partage le même sang, c’est-à-dire la même vie. Et donc la même promesse. Car il faut être fils d’Abraham, pense-t-on, pour recevoir et transmettre la Parole donnée par Dieu. On reste entre soi, on dira « purs ». Il y a nous, et il y a les autres.
Seulement voilà, à la toute fin de la généalogie, Joseph, fils de tous ses pères, fils de David, fils d’Abraham, n’engendre pas. Il n’est pas le père qui transmet à Jésus la vie qui vient de Dieu. Jésus est engendré de Marie par un autre. L’autre n’est pas nommé.
Mais on comprend qu’il est l’Autre, celui qu’aucun nom n’enferme. Celui qui n’a reçu son nom d’aucun père avant lui. Tout ça pour ça ? Matthieu aurait pu l’annoncer directement et nous éviter cette liste fastidieuse ! 
Sans doute fallait-il tout ce déroulement pour mettre en valeur la rupture : la vie ne vient plus des pères, mais elle vient du Père. Matthieu affirme ici la divinité du Christ. Un motif théologique développé très tôt par les premières communautés chrétiennes. Mais il y a plus que cela. Avec Jésus, engendré par le Père, une nouvelle logique se met en place. Désormais, dans la foi, chacun se reçoit d’abord de Dieu, quels que soient sa famille, son peuple ou sa nation*. Chacun, chacune, peut, à la suite de Jésus, se reconnaître fils, fille du même Père. Tous héritiers de la promesse, et donc, comme lui, tous porte-parole de Dieu.


*Apocalypse ch 5, v 9-10.
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