Calendrier pagano-chrétien

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L'Assomption est la plus ancienne des fêtes mariales. Elle date du VIe siècle, et elle fut fixée au 15 août par l'empereur byzantin Maurice dans le but de récupérer une culte plus ancien donnant lieu à un pèlerinage à Éphèse, ville consacrée à la déesse Artémis avant de l'être à la sainte Vierge. Dans les évangiles de Würburg, cette fête porte le nom de "Natale" qui signifie "naissance au ciel de Marie".
Vers le 15 août avait lieu dans la Rome antique la fête de Nemoralia, dédiée à Diane (Artémis chez les Grecs). Son nom vient du latin "dius", mot issu de l'indo-européen "dyew", qui est la racine du mot "dieu" et qui signifie "jour". Cette racine indo-européenne signifie le ciel lumineux ou ciel diurne, que l'on retrouve dans le latin "deus" (dieu), et "dies" (jour), et dans le nom de Jupiter (dius pater), et de Zeus en grec. En espagnol dieu se dit "dios" et jour se dit "dia". Les Ides d'août, étaient aussi appelées "dies natalis", car on célébrait la naissance de Diane, l'incarnation féminine de la lumière du jour. Dans "di-ana". Le préfixe indo-européen "di" fait référence à la voûte céleste, et "ana" à la maternité, la procréation et la naissance des enfants (Ana celtique, sainte Anne catholique). Cette fête était célébrée à la pleine lune du mois d'août. On l'appelait la fête des torches, car de grandes processions nocturnes se rendaient au lac Nemi, à la lumière de torches, à la suite du grand prêtre de Diane, le Rex Nemorensis. Au bord de ce lac, surnommé "le miroir de Diane", avaient lieu des rites liés à la fécondité avec l'offrande d’ex-voto en forme de sexe féminin ou masculin, en remerciement pour les grâces reçues durant la grossesse et les enfantements. Dans le bois de Némi, vivait le génie Virbius, lié à la fécondité et au principe masculin. Près d'une source, résidait la nymphe Egeria, elle aussi récipiendaire d'offrandes.
L'Assomption de Marie, est la croyance selon laquelle la Vierge Marie na pas connu la mort mais a été portée au ciel pour entrer directement dans la gloire de Dieu. L'Assomption n'a aucun fondement scripturaire, mais elle est très ancienne dans la Tradition de l'Église. Fêtée dès le VIIIe siècle, l’Assomption fut définie comme dogme religieux par l’Église catholique en 1950. L’Assomption de la Bienheureuse Vierge-Marie est célébrée le 15 août, et s’accompagne fréquemment de processions religieuses. Par exemple en Espagne, après la messe, il y a une grande procession de femmes et de jeunes filles vêtues d'habits traditionnels et portant des gâteaux bénis. La date du 15 août serait celle de la consécration à Jérusalem de la première église dédiée à Marie, au Ve siècle, après le concile d'Éphèse, en 431. Grégoire de Tours est le premier à en faire mention, en s'appuyant sur le "Transitus Mariæ", un corpus de textes apocryphes. Selon la tradition, Marie rencontre un ange qui lui annonce sa mort prochaine. Marie fait part de la nouvelle à son entourage. Les apôtres reviennent des différents endroits où ils sont partis prêcher, afin de l'entourer. Puis Jésus apparaît et emporte le corps au Paradis. D'après une autre tradition, issue d'un manuscrit syriaque de la fin du IXe siècle, Marie suit Jean à Éphèse et elle y meurt (ou s’endort). L'Assomption ou Dormition aurait donc eu lieu à Éphèse, ville consacrée à Artémis et où se trouve une maison de la Vierge Marie. Éphèse est l'une des plus anciennes et plus importantes cités grecques d'Asie Mineure, la première de l'Ionie. Cette cité était l'un des ports les plus actifs de la mer Égée. Là se trouvait l’Artémision, le grand sanctuaire dédié à Artémis, et une des Sept Merveilles du monde et auquel Éphèse devait une grande part de sa renommée. Artémis est la déesse de la nature sauvage, de la chasse, des accouchements, tout comme son équivalent latin la déesse Diane
En France, la fête de l’Assomption fut instaurée en 1638, par Louis XIII, en action de grâces pour la naissance d'un héritier. Depuis le vœu de Louis XIII, qui place le royaume de France sous la protection de Notre-Dame de l'Assomption, les processions sont traditionnellement suivies et donnent souvent lieu à des festivités, comme le pèlerinage fluvial qui a lieu la veille, et où plusieurs bateaux descendent la Seine en transportant des pèlerins priant avec des cierges dans les mains. Le rite s'achève par une prière pour la France. Le sanctuaire de Lourdes connaît alors son record d'affluence, dans des rassemblements gigantesques de pèlerins affluant du monde entier.
A la mi-août, après avoir célébré les récoltes, l'abondance et la prospérité (le 1er août, fête de Lamas-Lugnasad-Saint Pierre aux liens), la fête de la Dormition est une sorte de "petite Pâques". En Europe de l'est, elle donne lieu à ds processions appelées "epitaphios", en écho à la fête du vendredi saint. En Cephalonie a lieu une fête de Notre-Dame des serpents qui est un vestige de cultes minoens.
Comme à Noël, la fête de l'Assomption est l'occasion pour les maris et les migrants de revenir sur le sol natal.

Jean-Louis Ragot