Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Dimanche de Pâques

 

Au petit matin de ce jour là, il faisait encore gris, la mort était encore trop proche, la blessure trop vive pour que le mot « résurrection » vienne effleurer l’esprit, pointer au bord des lèvres, amorcer une rumeur. Les hommes se terrent et se taisent, enfermés à double tour dans la peur. Seules trois femmes, modestement fidèles, jusqu’au bout, reviennent accomplir les derniers soins au cadavre martyrisé de Jésus. Elles ne savent pas encore que tout est changé. Que tout a culbuté dans une nouvelle dimension. Elles s’affairent, dans l’air vif et se demandent qui leur roulera la lourde pierre qui ferme la tombe, qui bouche l’horizon, qui clôt l’avenir. Il n’est pas besoin d’espérer pour aimer, il ne faut pas davantage attendre le bonheur pour trouver la force d’accomplir l’ultime hommage à un ami mort.

Pourtant la grande pierre qui mure la vie est déplacée et voici que la tombe est vide, béante, ouverte. Quelque chose s’est brisé et pour lequel on n’a pas inventé de mot nouveau. Ce matin-là n’est encore qu’une aurore encore grise. Pâques n’est toujours qu’un jardin des morts. Avez-vous entendu la parole du prêtre aus messes de funérailles. « Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, fut-il mort, vivra ! » Mais aucun visage ne s’éclaire. Ces mots tombent dans un silence résigné. Aurions-nous appris la résurrection comme on étudie l’algèbre ? Bien retenir la formule, la ressortir à point nommé pour combler une absence ou un vide : cela ne suffira guère à nous faire vivre, à nous faire surgir à la lumière « comme des vivants revenus de la mort » (Romains 6, 13).

Découvrons avec les saintes femmes le saisissement devant le sacré. Elles étaient venues vénérer un mort, on leur annonce un vivant. Jésus, le Nazaréen, le crucifié, l’enterré, il est ressuscité ! Il vous précède en Galilée. Pour elles, tout, soudain, bascule. Le monde vacille. Le temps et l’espace craquent. Trois femmes sont jetées dans un inconnu vertigineux, qu’elles ne peuvent esquiver, car il vient de Dieu. Un bonheur inattendu, qui a goût de petit matin dans le soleil, devient possible, pour toujours.

Le bonheur fait toujours un peu peur. Elles venaient pleurer l’Ami, et c’est la joie qu’Il leur offre. Voici que dans la trame des deuils ordinaires et des soucis ménagers, s’est levée, sans bruit, l’aurore de la résurrection, de la « re-création » du monde, de son basculement dans l’éternité. Comment ne pas d’abord en pâlir de surprise ? Comment ne pas commencer par fuir et se cacher, comme un enfant, sous sa couverture.

« Il vous précède en Galilée » ... Sur nos chemins quotidiens, dans notre vie humaine réelle, Dieu vient, depuis ce premier jour de la semaine, nous faire sortir de nos tombeaux. Il dénoue les liens de la mort. C’est dans le silence de la foi et de l’adoration que pourra naîtra en nos cœurs la joie des joies : Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité! Il nous précède : dans la brèche qu’il ouvre, nous passons déjà de la mort à la vie.

 

Tag(s) : #Commentaire

Partager cet article

Repost0