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3ème Dimanche de carême

Le pain de Dieu

(v. 32-47) — «Jésus donc leur dit: En vérité, en vérité, je vous dis: Moïse ne vous a pas donné le pain qui vient du ciel, mais mon Père vous donne le véritable pain qui vient du ciel. Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, et qui donne la vie au monde. Ils lui dirent donc: Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là, (v. 32-34).

Quoique venue du ciel, la manne n’était pas le pain qui tirait son origine de Dieu pour communiquer la vie, non seulement aux Juifs, mais au monde. Les Israélites moururent après avoir mangé la manne, tandis que le pain de Dieu donne la vie éternelle. Les Juifs ne comprirent pas le sens des paroles de Jésus; ils auraient voulu avoir du pain qui ne leur coûtât rien. Ils ne pensaient qu’à la vie matérielle, comme la Samaritaine qui, elle aussi, souhaitait d’avoir de l’eau qui la dispensât de venir puiser au puits. Sans la foi, l’esprit de l’homme ne peut sortir du cercle étroit dans lequel il se meut. Sans intelligence quant aux choses de Dieu, il ne les reçoit pas.

Jésus ajoute: «Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim; et celui qui croit en moi n’aura jamais soif» (v. 35). En donnant la vie, le pain de Dieu rend le croyant capable de jouir des choses divines; elles deviennent la nourriture de son âme, en sorte qu’il n’a plus faim ni soif des choses du monde. Pierre dit qu’en participant de la nature divine on a «échappé à la corruption qui est dans le monde par la convoitise» (2 Pierre 1:4). Le cœur, les affections sont ailleurs, toujours pleinement satisfaits, tandis que le cœur naturel n’est jamais assouvi par les choses de la terre; sa convoitise est insatiable et, s’il obtient ce qu’il désire, cela excite en lui le besoin d’avoir davantage. Il a donc toujours faim et soif. Pour n’avoir plus envie des choses de ce monde, il faut non seulement avoir la vie, mais se nourrir de la Parole de Dieu. «Désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut» (1 Pierre 2:2). Si le croyant ne se nourrit pas des choses de Dieu, les goûts naturels reparaissent bientôt, et il recherche les choses de ce monde sous les formes variées que l’ennemi tient à sa disposition. Il perd ainsi le bonheur qui lui appartient, la communion avec le Seigneur, et, surtout, il le déshonore.

Jésus déclare aux Juifs: «Mais je vous ai dit qu’aussi vous m’avez vu, et vous ne croyez pas» (v. 36). Ils avaient vu le Seigneur et les miracles qui auraient dû les convaincre; mais ils ne le voulaient pas. Dans son état naturel, l’homme s’oppose à Dieu; il refuse de venir à Christ. Si Dieu n’agissait pas en grâce à son égard, personne ne viendrait à lui. C’est ce que Jésus dit ensuite: «Tout ce que le Père me donne viendra à moi; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi; car je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé» (v. 37, 38). Voyant les hommes dans leur état de perdition, incapables d’en sortir et sans volonté pour cela, le Père, Dieu révélé en grâce, envoya du ciel son Fils pour les sauver. Ils ne veulent pas aller à lui; c’est encore lui qui doit les amener à son Fils qui partage les pensées de grâce et d’amour du Père et reçoit tous ceux que le Père lui envoie, quels qu’ils puissent être: grossiers pécheurs, blasphémateurs, moqueurs. Tous ceux qui vont à lui sont les bienvenus. Il les sauve et les rend bienheureux pour le temps et l’éternité. Telle est la volonté de son Père; il l’a envoyé pour cela; son bonheur est de l’accomplir.

«C’est ici la volonté de celui qui m’a envoyé: que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour» (v. 39). Jésus veut accomplir d’une manière parfaite toute l’œuvre que le Père lui a donnée à faire. Celui qui a mangé le pain de vie peut encore mourir quant à son corps, et quoique son esprit soit auprès du Seigneur, ce n’est pas ainsi que Dieu veut ses bienheureux rachetés, savoir le corps dans la terre et l’esprit dans le ciel. Le Père les a donnés au Fils, corps et âme, comme il avait créé l’homme. Le Fils ne veut rien perdre de ce que le Père lui a donné, il s’occupera du corps comme de l’âme; aussi il les ressuscitera au dernier jour pour les présenter à Dieu dans un état de perfection.

Si le verset 39 nous montre la volonté de Dieu que le Fils doit accomplir, le verset 40 nous dit quelle est cette volonté à l’égard de chacun: «car c’est ici la volonté de mon Père: que quiconque discerne le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour». Les Juifs ne voyaient en Jésus que le fils de Joseph (v. 42); ils ne discernaient pas en lui le Fils de Dieu. Il en va de même aujourd’hui pour ceux qui ne voient en Jésus qu’un homme parfait, exemplaire, modèle de l’humanité; ils ne discernent pas le Fils de Dieu et, comme ils ne croient pas en lui comme tel, ils ne peuvent être sauvés. La foi qui sauve est la foi au Fils de Dieu envoyé du ciel pour sauver le pécheur en mourant à sa place. Toute autre croyance en Jésus laisse l’homme dans son état de perdition éternelle. Remarquons aussi quelles gens le Père a donnés au Fils pour les sauver entièrement: c’est quiconquediscerne le Fils et croit en lui. On peut raisonner et dire: «Si Dieu ne m’a pas donné à son Fils, je ne puis aller». Mais qui sont-ils, sinon quiconque? Donc tous ont la responsabilité d’aller. Seul celui qui irait à Jésus et serait repoussé par lui pourrait dire que le Père ne l’a pas donné au Fils. Or nous savons que personne ne sera jamais repoussé ni ne l’a jamais été.

De nouveau les Juifs raisonnent et murmurent parce que Jésus avait dit: «Moi, je suis le pain descendu du ciel». «N’est-ce pas ici», disent-ils, «Jésus, le fils de Joseph, duquel nous connaissons le père et la mère? Comment donc celui-ci dit-il: Je suis descendu du ciel? » (v. 42, 43). La vue ne sert à rien; il faut croire. Ils voyaient en Jésus le fils de Joseph et de Marie et non l’envoyé de Dieu. Comme l’aveugle du chapitre 9, ils ne voyaient pas en voyant charnellement, tant qu’ils ne se lavaient pas au réservoir de Siloé, qui veut dire: envoyé. Pour cela il faut être enseigné de Dieu et croire. Jésus leur répondit: «Ne murmurez pas entre vous. Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne le tire; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes: «Et ils seront tous enseignés de Dieu» (Ésaïe 54:13). Quiconque a entendu le Père et a appris de lui, vient à moi» (v. 44-46). On voit de nouveau qu’il faut l’intervention de Dieu pour qu’un homme puisse profiter du moyen donné pour le salut. Entendre du Père et apprendre de lui, c’est se laisser gagner par la grâce du Fils venu ici-bas pour révéler le Père. Quiconque a compris son état de péché ne peut se trouver en présence de celui qui a révélé Dieu en grâce sans être attiré à lui; alors il ne raisonne plus sur l’humanité de Christ, il est heureux de saisir la main du Sauveur qui l’attire à lui. Ésaïe avait annoncé que, pour la bénédiction d’Israël aux derniers jours, ils seraient enseignés de Dieu. En attendant ce moment-là, chacun pouvait jouir du même privilège et profiter de la venue du fils de l’homme en grâce; si même il devait mourir, Jésus le ressusciterait au dernier jour. Jésus l’affirme quatre fois (v. 39, 40, 44, 54). Si le règne de Christ avait pu s’établir tout de suite, ceux qui croyaient en lui n’auraient pas passé par la mort. En attendant, il allait retourner au ciel, et jusqu’à son retour, les croyants qui délogeraient n’auraient rien à craindre; il les ressusciterait pour jouir des choses célestes et glorieuses, infiniment plus précieuses que son règne sur la terre, dont ils jouiraient également avec lui, associés à lui dans sa position céleste.

Jésus affirme de nouveau (v. 47) que celui qui croit en lui a la vie éternelle. Il n’est donc pas possible de l’obtenir par un autre moyen; c’est pour cela qu’il est venu. Il ne dit pas «aura la vie éternelle», mais «il a», dès le moment qu’il croit, non parce qu’il sent qu’il a la vie, mais parce qu’il croit.

 

La vie dans la mort de Christ

(v. 48-59) — Les pères avaient mangé la manne au désert, puis étaient morts. Jésus était le pain descendu du ciel, «afin que quelqu’un en mange et ne meure pas». Le Seigneur ne se sert plus des expressions «aller à lui», «croire en lui», comme dans les versets qui précèdent; il est dit: manger. Il était le pain de vie qu’il fallait manger. «Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel: si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement; or le pain aussi que moi je donnerai, c’est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du monde» (v. 48-51). Après s’être présenté vivant ici-bas comme objet de la foi, il parle de sa mort nécessaire pour que sa venue soit efficace, car, s’il montait au ciel sans mourir et passer par le jugement de Dieu que le pécheur a mérité, toute sa vie ici-bas ne pouvait sauver un seul homme. C’est pourquoi il ne dit plus seulement: croire en lui tel qu’il était sur la terre, mais: manger sa chair. Or on ne peut manger un être vivant. Sans sa mort il ne pouvait être mangé, spirituellement, bien entendu. Dans cette mort l’homme naturel trouva son jugement et sa fin, mais, par la grâce de Dieu, aussi la vie éternelle que Dieu ne pouvait donner en laissant subsister l’homme pécheur et ses péchés; il fallait que le jugement prononcé par Dieu s’exécutât; s’il l’eût été sur le coupable, c’était la mort éternelle; pour l’en sauver, Jésus, fils de l’homme, prit sur lui, à la croix, la condition de l’homme. Fait péché, il porta les péchés; il subit le jugement qui lui était réservé; dès lors, la vie, sa propre vie, est la part de celui qui mange sa chair qu’il a donnée, non seulement pour la vie d’Israël, mais pour la vie du monde. C’est pourquoi, en contraste avec la manne qui n’avait pas empêché de mourir ceux qui l’avaient mangée, celui qui se nourrira spirituellement d’un Christ mort pour lui, vivra éternellement. Si même il doit déloger, cela ne touchera en rien à la vie éternelle qu’il possède: le Seigneur le ressuscitera au dernier jour.

«Les Juifs disputaient entre eux, disant: Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger? » C’était incompréhensible et répugnant pour un Juif que la pensée de manger de la chair, surtout celle d’un homme. Le Seigneur ne cherche pas à les tirer d’embarras; il affirme la grande vérité qu’il enseignait, dont dépendait le salut de chacun. Il leur dit: «En vérité, en vérité, je vous dis: Si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour» (v. 53, 54). Le sang séparé de la chair, c’est la mort. C’est donc d’un Christ mort qu’il faut se nourrir. On le fait en comprenant la nécessité de cette mort, en l’appréciant, en acceptant que c’était ce que nous avions mérité, que par elle nous avons trouvé la fin de notre vieil homme et de nos péchés, que par elle le Dieu que nous avions déshonoré et offensé a été glorifié, pleinement satisfait. Jésus a participé à notre nature humaine1, afin de pouvoir mourir; c’est en cela qu’il a été fait inférieur aux anges, à cause de la passion de la mort (Héb. 2:9). Il a laissé cette vie pour nous, pécheurs, vie parfaite, sans tache, sacrifice qui seul pouvait satisfaire aux exigences du Dieu trois fois saint; vie qui devait nous être communiquée, mais qui ne le pouvait sans la mort de celui qui se substituait au pécheur sous le jugement de Dieu.

1 Il ne faut pas confondre nature humaine avec nature pécheresse. La première est l’œuvre de Dieu, la seconde résulte du péché; c’est la volonté opposée à celle de Dieu; Christ y a été parfaitement étranger; il a été fait semblable à nous à part le péché.

Dieu défend à l’homme de manger le sang, parce que le sang c’est la vie; elle appartient à Dieu seul; l’homme ne peut en disposer. La misérable vie de l’homme en Adam avant pris fin dans la mort de Christ, le croyant peut manger la chair du fils de l’homme et boire son sang, afin de s’approprier la vie de Christ que Dieu lui donne en échange de sa vie souillée de pécheur perdu.

Il importe de présenter la mort de Christ comme moyen de posséder la vie éternelle. On parle beaucoup de Christ homme et de sa vie d’amour et d’abnégation que l’on donne comme exemple à des personnes inconverties, mais, suivraient-elles ce modèle — ce qui est impossible sans la vie divine — que jamais elles ne posséderaient la vie, qui ne s’obtient que par la foi en un Christ mort. Vouloir imiter Christ sans le posséder comme vie, c’est méconnaître la ruine absolue de l’homme pécheur et le jugement qu’il a mérité.

Le Seigneur enseigne, dans la suite, que non seulement il faut manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie, mais que c’est là aussi l’aliment de ceux qui la possèdent, comme l’Israélite devait se nourrir de l’agneau de Pâque dont le sang l’avait mis à l’abri du jugement. «Car ma chair est en vérité un aliment, et mon sang est en vérité un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi» (v. 55-57). Celui qui se nourrit de Christ possède la vie en commun avec lui, puisqu’il est sa vie, de la même manière que la vie de Christ est inséparable du Père.

La vie du chrétien est ainsi un don merveilleux, qui fait apprécier la grâce de Dieu et son amour manifesté en Christ, en échange de sa misérable vie de pécheur perdu, aboutissant à la mort éternelle. «C’est ici le pain qui est descendu du ciel, non pas comme les pères mangèrent et moururent: celui qui mangera ce pain vivra éternellement» (v. 58).

Ce chapitre nous présente donc Jésus comme Fils de l’homme, pain de Dieu descendu du ciel pour donner la vie au monde, en contraste avec la manne qui n’avait fait qu’entretenir la vie du peuple pendant quelques années, puis la mort du Fils de l’homme, véritable Pâque dont le croyant se nourrit pour vivre éternellement. Au chapitre 5, Jésus est le Fils de Dieu qui donne la vie à qui il veut. Ici, il est le Fils de l’homme qui meurt pour donner la vie éternelle.

 

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